Déclaration de soutien faite à Bogny-sur-Meuse le 5 mars 2008 devant les Lenoir et Mernier au nom de l'Union Syndicale Solidaires et des Syndicats SUD des Ardennes :
" Vous n' êtes pas seuls.
Un peu partout dans notre pays, des salariés sont victimes de malhonnêtetés patronales, quand ce n'est pas plus simplement de mauvaises gestions, voire d'incompétences patronales pures et simples. Car des malhonnêtes, des mauvais gestionnaires et des incompétents, il n' y en pas que chez les salariés. Cela aussi mérite d'être rappelé.
Du côté du patronat, la malhonnêteté a trouvé aujourd'hui un nom : un nom pratique et commode qui permet une fois de plus d'individualiser le mal et de ne pas remettre en cause les règles du système économique et certains principes. Les malhonnêtes ce sont des " patrons-voyous ". C'est vrai ce sont des voyous. Et ils doivent payer et rendre ce qu'ils ont volé. C'est ce qui se passe pour un salarié malhonnête, pourquoi cela ne devrait-il pas se passer quand il s'agit d'un patron ou d'un dirigeant d'entreprise ?
Mais s'arrêter là, ne serait-ce pas un peu court ?
Quelle est donc la nature de ce système, de cette société, qui voit l'enrichissement personnel, légal ou illégal, prendre le pas sur le sort collectif de ses membres, sur le sort des salariés qui sont dans une entreprise son sang et son énergie ?
Est-il normal que les salariés, dont le sort dépend de celui de leur entreprise, n'aient pratiquement pas de moyens d'intervenir dans les choix stratégiques qui sont faits par les dirigeants ?
Est-il normal que les salariés assistent sans pouvoir rien faire à la déconfiture de leur entreprise et se retrouvent assimilés en fin de course à des gens qui viendraient quémander une aide publique ?
Vous réclamez 50.000 euros pour le préjudice que votre patron vous a fait subir. Vous les réclamez collectivement aux patrons de l'UIMM et vous avez raison.
Mais c'est là que l'expression " patron-voyou " devient très pratique : l'UIMM vous fait comprendre qu'elle n'a pas à payer pour un " patron-voyou ".
Pourtant, l'UIMM n'a pas hésité à distribuer généreusement des fonds importants dont au moins un des derniers destinataires est connu. Et cet argent-là ne sort pas de la poche du patronat. Ne vient-il pas des entreprises ? Ne vient-il pas de votre travail ?
Faute de pouvoir obtenir réparation du côté du patronat, vous vous retournez du côté des pouvoirs publics : l'Etat et les collectivités territoriales.
Mais de ce côté-là, il y a le précédent Thomé-Génot, une autre entreprise victime d'un prédateur. Les collectivités territoriales sont inquiètes à l'idée de mettre le doigt dans un engrenage sans fin dans un département qui voit les suppressions d'emplois se succéder les unes derrières les autres. Elles vous diront qu'il n'est pas normal que ce soient les contribuables qui paient.
Mais quelqu'un a-t-il chiffré le montant des aides publiques sous toutes leurs formes (Etat et collectivités territoriales) accordées aux entreprises depuis vingt ans dans le seul département des Ardennes ? Est-ce que ce n'était pas aussi l'argent des contribuables ?
On vous répondra que c'était pour la bonne cause : celle de l'emploi...
Vous êtes malheureusement aujourd'hui bien placés pour dire ce qu'il en est...
On voit bien qu'il y a pas mal de contradictions dans tout ça.
Dans l'entreprise, les salariés sont concernés au premier rang et personnellement par les choix qui sont faits mais ils n'ont pas leur mot à dire.
Quand rien ne va plus, le sort de l'entreprise est confié à des tribunaux de commerce composés uniquement de patrons et là encore les salariés n'ont qu'à attendre qu'on leur annonce le sort qu'on leur a réservé.
Le patronat vante l'esprit d'entreprendre et le sens des responsabilités mais quand c'est la déconfiture il se défile.
Vous réclamez une responsabilité collective du patronat et on vous répond " patron-voyou ". Les Thomé-Génot attendent encore, eux, qu'on mette la main sur leur " patron-voyou "...
Pourtant, qui oserait dire que ce qui vous arrive n'est pas une injustice ?
Qui oserait-dire que cette injustice peut rester sans réparation ?
On ne peut pas mettre toujours en avant la question de la sécurité physique des personnes ... et continuer à laisser de côté la question de la sécurité économique des salariés.
Votre demande est légitime. Votre patron vous a privé de votre travail. Vous demandez réparation.
C'est une demande nouvelle qui est faite à la société.
Celle-ci doit y apporter une réponse. "