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Les perspectives pour nos retraites : le très
officiel Conseil d’Orientation
des Retraites (COR) a réfléchi sur des hypothèses de l’évolution
économique
et en a déduit que l’équilibre des comptes des caisses de retraites en
2050
nécessiterait une des 3 mesures suivantes qui diminue les dépenses ou
augmente
les recettes (ou bien un peu de chacune des mesures) :
- soit diminuer les dépenses en payant un nombre moins important de
retraités : le report de l’âge de départ en retraite devrait
être à 70 ans,
- soit diminuer les dépenses en versant moins à chaque retraité : il
faudrait
baisser les pensions de 48%,
- soit augmenter les recettes : il faudrait majorer les
cotisations sociales de
10,5 points, soit 0,26 point par an.
Mais, avant même le début de la concertation, Medef et gouvernement
ont
précisé que les cotisations sociales ne bougeront pas,
que les négociations
n’auront le droit de choisir qu’entre les 2 solutions qui diminuent les
dépenses
et qu’elles ne dureront qu’en mai et juin. Les calculs du COR donnent
des exemples de ce que cela donnerait : départ à 64 ans et
baisse de 30 % de
la pension, ou bien départ à 69 ans avec 7% de pension en moins…
Pour tenter d’imposer une telle remise en cause des acquis,
les propagandes
patronale et gouvernementale matraquent qu’il « faut
travailler plus longtemps
puisque la durée de vie augmente », que les énormes déficits des
caisses de
retraite nécessitent que les salariés se serrent la ceinture. Il suffit
de regarder
la réalité, de réfléchir un peu pour se rendre compte de l’hypocrisie de
leurs
solutions qui n’auront pour seuls effets que de baisser encore les
pensions et
d’affaiblir notre système de retraite, préparant le terrain à une
nouvelle contre-
réforme dans 2 ou 3 ans.
Travailler plus longtemps ?
Tout le monde reconnait que la majorité des salariés quitte
le travail entre
58 et 59 ans pour une préretraite, un congé maladie ou pour le
chômage. La
plupart des salarié-es ne part pas avec une retraite entière car les
carrières
incomplètes ne le permettent pas et ne le permettront jamais selon le
COR
(ce que personne ne conteste) : la durée de cotisation actuelle de 37,5
ans va
légèrement augmenter puis baisser à 37 ans, vers 2035 et au-delà !
Mentir sur un improbable âge du départ après 60 ans et une
impossible
durée de cotisation de 41 ans (ou plus) n’a qu’un objectif :
cacher la volonté
de baisser encore les pensions, car elles ne peuvent pas être complètes
en ne
cotisant pas assez de temps.
Il n’est pas possible de travailler plus longtemps.
Si Medef et gouvernement
s’entêtaient et passaient en force pour un départ après 60 ans, pour
allonger la durée de cotisation, les pensions baisseraient, les caisses
de chômage
et de préretraite paieraient plus longtemps les salariés sans travail,
ce
qui ferait autant d’économies pour les caisses de retraite. Cette
politique des
vases communicants, piquer dans une caisse pour remplir un autre, relève
de
l’hypocrisie et de la courte vue.
Un COR misogyne
Les projections de population active du
COR gardent constant le taux actuel d’activité
des femmes, qui est inférieur de 10
points à celui des hommes. Le COR entérine
l’existence d’une importante inégalité,
et renonce à toute amélioration en la
matière. C’est d’autant plus inacceptable
qu’il y a de grandes marges de progrès
dans un pays comme la France qui n’est
qu’au 15ème rang des pays de l’union européenne,
pour l’emploi des femmes
Le prétexte de la durée de vie ?
L’espérance de vie augmente, personne ne le nie, mais c’est
le cas
depuis au moins 1740 selon l’INED, l’institut national des
études
démographiques. Elle augmentait de quasiment un trimestre chaque
année… et elle ralentit avec seulement un peu plus de la moitié d’un
trimestre chaque année.
Cette augmentation de l’espérance de vie n’a pas empêché le
progrès
social : l’être humain travaille de moins en moins dans sa vie,
après des combats qui ont obtenu le repos hebdomadaire, les congés
payés, la réduction du temps de travail, la retraite puis l’abaissement
de l’âge de départ à 60 ans. Pendant les 2 derniers siècles, grâce aux
innovations technologiques (vapeur, moteur à explosion, électricité,
informatique..) qui ont multiplié la productivité par 30, le temps de
travail a été divisé par 2 ce qui n’a pas empêché la production de se
multiplier par 26.
Un immense déficit ?
Le déficit retraite s’élève à 11 milliards d’euros en 2008 et, dans
le
pire des cas envisagés par le COR, serait de 114 milliards en 2050.
Quelle est la réalité ?
Aujourd’hui, les caisses de retraite cumulent 2 déficits, un
artificiel
et un conjoncturel :
- le déficit artificiel est créé par le
gouvernement qui exonère de cotisations
sociales les stock-options, qui incite à remplacer les augmentations
de salaire par la participation et l’intéressement qui
sont exonérés, qui ne compense pas intégralement les exonérations
de cotisations sociales liées aux mesures (inefficaces) pour l’emploi…
L’ensemble crée un déficit de 10 milliards d’euros chaque
année.
- le déficit conjoncturel de la crise : la baisse
de 2% de la masse salariale
provoque une baisse des cotisations retraites de 1,3 milliard
d’euros… tant que la crise durera, avant de disparaître. En attendant
la fin de la crise, une petite partie des 33 milliards d’euros du
fonds de réserve retraites pourrait être utilisée. Sinon, à quoi sert
un fonds de réserve ?
Et comment payer les pensions des nombreux retraités du baby
boom qui arrivent ? Simplement en imposant à un meilleur
partage
des richesses, tel qu’il était il y a 15 ans. En regardant l’évolution
des
15 dernières années de la répartition des richesses créées dans les
entreprises
(la valeur ajoutée dans le jargon des comptables) :
- l’ensemble des salaires est passé de 76% à 66% de
la richesse produite
par le travail, soit une perte de plus de 50 milliards d’euros
par an pour les cotisations sociales,
- les dividendes aux actionnaires sont passés de 3,2% à
8,5%.
Ce que les salariés, leur protection sociale, leur retraite a perdu,
les
profits l’ont récupéré.
Rendons cette part aux salaires et aux cotisations sociales,
faisons sauter le tabou et verrou politique du refus d’augmenter
les cotisations sociales, imposons au gouvernement et
aux financiers de ne plus piquer dans les caisses, et l’objectif
fixé par le COR sera atteint : l’augmentation des cotisations
permettra d’équilibrer les caisses de retraite sans remettre en
cause le départ à 60 ans et sans réduire les pensions.
La Fondation Copernic et Attac ont lancé un appel
pour une « vaste mobilisation citoyenne » sur les
retraites avec 400 personnalités issues de la gauche
syndicale, politique, associative mais aussi des milieux
universitaires, qui dénoncent le coup fatal au
système de retraites par répartition, la paupérisation
programmée des futurs retraité-es, l’idéologie
absurde du « travailler toujours plus » et la destruction
des solidarités sociales, et appellent à une
vaste mobilisation pour défendre une autre voie.
Pour lire l’appel et la liste des 1er signataires :
www.fondation-copernic.org/s...
Pour signer l’appel :
http://exigences-citoyennes-retrait...
Une réflexion tronquée permet de faire peur : en
2000, 2 salariés cotisaient pour un retraité ; en
2040, il ne sera pas possible que 1,25 salarié paie
pour 1 retraité. C’est oublier la notion de progrès
social permis par la productivité : chaque
salarié de 2040 produira, pendant le même temps
de travail, autant que 2 salariés de 2000. La production
du 1,25 salarié de 2040 sera équivalente à
2,5 salariés de 2000, ce qui permettra non seulement
de payer les cotisations de 1 retraité, mais
aussi d’augmenter les pensions, les salaires, et/ou
de diminuer le temps de travail…
Aujourd’hui, sur un salaire brut de 1 000 €,
670 € vont directement au salarié (salaire net) et
330 € aux cotisations sociales. En 2040, les gains
de productivité vont permettre à chaque salarié de
produire 2 fois plus pendant le même temps de
travail et, si ces gains sont répartis équitablement
entre salaires et profits, il devrait gagner 2 000 €
en brut, qui pourraient se partager en 800 € pour
les cotisations sociales (ce qui résout les équilibres
des caisses) et 1 200 € de salaire net (soit une forte
augmentation du pouvoir d’achat).
Ce plus juste partage des nouvelles richesses, a
été imposé depuis 1945, a permis une formidable
progression de l’économie… mais a cessé il y a
une vingtaine d’années avec la mondialisation,
l’austérité, le blocage des salaires pour augmenter
les profits… avec comme résultats une crise économique
et des menaces sur la protection sociale.
Les inégalités s’accroissent. Tout le monde a en
tête le bouclier fiscal protégeant 16 000 ménages
et coûtant à l’état 585 millions d’euros. Ce n’est
que la partie visible de l’iceberg : les niches fiscales
permettent au 1% des plus riches de n’être imposé
qu’à un taux de 20% ! Ce cadeau coûte 3
milliards par an à l’état… et permet aux hauts revenus
de gagner toujours plus.
Pendant ce temps, le nombre de personnes en dessous
du seuil de pauvreté augmente et vient de
franchir le seul des 8 millions.
Il faut en revenir à un meilleur partage des
richesses.