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Le bouclier fiscal était la mesure symbole de la loi « travail,
emploi, pouvoir d’achat » (tepa). Le moins que l’on
puisse dire est que le bilan de cette loi, également dénommée « paquet
fiscal », n’est guère reluisant :
- l’exonération de la rémunération tirée des heures supplémentaires a
engendré des effets pervers coûteux
(incitation aux heures supplémentaires en lieu et place d’embauches par
exemple) ; 1,2 milliard d’euros
de manque à gagner pour le budget de l’Etat en 2010,
- le crédit d’impôt sur intérêt d’emprunt est sur la sellette, il
n’a pas eu l’effet attendu sur les primo
accédants notamment (en particulier ceux dont la situation financière
est modeste) ; soit 1,5 milliard
d’euros de manque à gagner pour le budget de l’Etat en 2010,
- le relèvement des abattements en matière de succession et de
donation s’adresse à la petite minorité de
personnes pouvant transmettre du patrimoine et au quart des décès
donnant lieu à imposition au titre des
successions. Cette mesure contribuera à alimenter les inégalités de
patrimoine alors qu’elles sont déjà
significatives (10 % des ménages détiennent près de la moitié du
patrimoine total des ménages),
- la réduction d’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) plafonnée à
50 000 euros (soit 670 millions
d’euros de manque à gagner) est discutée car les holdings ISF prennent
parfois leur temps pour investir
les fonds collectés dans les entreprises,
- le bouclier fiscal est contesté (le coût pour l’Etat serait de 700
millions d’euros en 2010).
Le bouclier fiscal constitue l’emblème de la loi « tepa » et des
orientations fiscales du moment. Près de 19 000
contribuables en ont bénéficié en 2008 (dernière année disponible).
Parmi eux, 1 000 ont reçu un chèque de
337 240 euros en moyenne dont 100 ont reçu chacun en moyenne 1,154
million d’euros. Ces grands gagnants se
recrutent parmi les contribuables imposables à l’impôt de solidarité sur
la fortune (et notamment parmi ceux dont
le patrimoine imposable à l’ISF est supérieur à 15,5 millions d’euros).
Dans le même temps, compte tenu des effets de la crise, le
gouvernement recherche de nouvelles recettes : ainsi,
les indemnités journalières seront imposées à hauteur de 50 % (pour un
rendement compris entre 100 et 200
millions d’euros) et les conditions pour bénéficier de la demi-part
supplémentaire réservée aux parents isolés
(célibataires, divorcés, veufs) sont durcies, ce qui procurera des
rentrées supplémentaires (estimées à 110
millions d’euros en 2010 mais 900 millions d’euros à l’horizon 2013). En
clair, il y aura des augmentations
d’impôt pour certaines catégories de contribuables, ce qui permettra de
financer le bouclier fiscal s’il est
maintenu.
Les contribuables ne sont donc pas tous logés à la même enseigne :
bouclier maintenu pour les uns,
augmentation pour les autres. Ce constat s’impose également au-delà des
mesures ciblées évoquées ci-dessus.
Ainsi, les augmentations d’impôts locaux par exemple sont restituées
aux bénéficiaires du bouclier. Il en sera de
même lorsqu’il faudra augmenter tel ou tel prélèvement pour résoudre la
dégradation des finances publiques.