L’accord national interprofessionnel (ANI), ou « accord emploi » du 11
janvier signé par le patronat et certaines organisations syndicales
représente un recul social majeur. Les soi-disant « nouveaux droits pour
les salariés » sont en réalité de portée limitée et comportent nombre
de dérogations et de dispositions qui en permettent le contournement.
Par contre, les mesures en faveur du patronat portent des coups sévères
au droit du travail. Cet accord s’inscrit dans le droit fil des
préconisations, appliquées partout en Europe, de la Troïka (Commission
européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) :
démantèlement du droit du travail, chantage à l’emploi pour baisser
les salaires et les droits sociaux au nom de la compétitivité. Il
contribuera ainsi à la spirale dépressive dans laquelle les politiques
d’austérité enfoncent l’Union européenne.
L’accord aggrave encore, après les lois Fillon de 2004 et 2008 qu’il
faut abroger, la remise en cause de la hiérarchie des normes en
permettant de nouveau qu’un accord d’entreprise soit moins favorable que
la convention collective et que la loi : en cas de « graves problèmes
conjoncturels » de l’entreprise (quelle entreprise ne connaît pas de
problèmes conjoncturels et surtout qui en juge ?), il ne laisse d’autre
choix au salarié que d’accepter la baisse de son salaire et
l’augmentation de son temps de travail sous peine de licenciement.
L’accord réduit considérablement les droits et les possibilités de
contestation et de recours à la justice des salariés et de leurs
représentants. Il remet en cause des prérogatives importantes des
instances représentatives du personnel et renforce le pouvoir des
employeurs, notamment celui d’imposer la « mobilité » des salariés
(changement de lieu ou de poste de travail).
Loin de permettre « la sécurisation de l’emploi et des parcours
professionnels des salariés » cet accord va, au contraire, aggraver la
précarité du travail en libérant le patronat de nombre d’obligations. En
dépit des promesses qui avaient été faites par le gouvernement,
l’accord ne réduit pas les inégalités professionnelles entre les femmes
et les hommes, alors même que la précarité de l’emploi concerne en
premier lieu les femmes, prépondérantes dans le temps partiel (80%) et
plus souvent touchées par les CDD, le chômage et le sous-emploi.
Enfin cet accord est illégitime. Il a été signé par trois
confédérations syndicales représentant une minorité de salariés, alors
même que les règles de représentativité syndicale sont sur le point de
changer. Les parlementaires de droite se disent prêts à voter telles
quelles les dispositions qu’il contient, mais ni le président de la
République, ni la majorité de l’Assemblée nationale n’ont été élus pour
faire reculer les droits des salariés. Transposer ces reculs sociaux
dans la loi représenterait donc un grave déni démocratique.
Nous appelons les salariés-es, et plus largement, tous les
citoyens-nes à lire ce texte, à l’analyser, à tenir partout des réunions
pour en débattre ensemble et faire entendre leurs exigences auprès de
leurs élus, tout particulièrement ceux de gauche, pour qu’ils ne votent
pas ce texte. L’heure est bien plutôt à la sécurisation des emplois
contre les licenciements, pour un travail de qualité, sans précarité,
avec des droits sociaux de haut niveau pour les salariés, les chômeurs
et les retraités. Nous ferons tout pour que cet accord n’acquière pas
force de loi et nous appelons à soutenir toutes les initiatives en ce
sens, en particulier les mobilisations syndicales.
Appel soutenu par :
Attac, CADAC, CGT Commerce Paris, CGT Hôtels Prestiges et
Economiques, C&A, CNDF, CNT Solidarité ouvrière IdF, Convergence de
défense et de développement des services publics, FASE, Fédération des
Finances CGT, Fondation Copernic, FSU, GA, GU, Les Alternatifs, Les
efFRONTé-e-s, Marches européennes, NPA, Osez le féminisme, PCF, PCOF,
PG, R&S, Résistance sociale, Union syndicale Solidaires
En "Documents joints"
* L’appel du Collectif
* La liste des 1ers signataires
* Le flyer (deux versions) d’appel à une réunion publique à Paris
Voir également le matériels de Solidairesdocuments joints
APPEL
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SIGNATAIRES AU 19 FEV
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FLYER REUNION 1
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FLYER REUNION 2
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