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Méthode et contenu
de la privatisation de l’aide alimentaire
par le maire de Charleville-Mézières
Le virage de l’aide alimentaire
à Charleville-Mézières
et la réorganisation
du CCAS poursuivent des buts communs
Le
maire et quelques adjoints mettent en œuvre depuis le début du mandat des
privatisations multiformes.
La
privatisation de l’aide alimentaire municipale montre jusqu’où ils sont capables
d’aller pour faire des économies sur le service public.
On assiste depuis
quelques années à la mairie à une privatisation rampante et croissante des
services municipaux. Non pas ouvertement en procédant à des privatisations
« officielles ». Mais en confiant de plus en plus de travaux et de
missions au privé. Ou tout simplement en abandonnant des tâches et des
missions. Des services sont réduits progressivement à peau de chagrin par le
non-remplacement des postes laissés vacants. (couverture, maçonnerie, espaces
verts, garage, police municipale, centre de loisirs, brigades de
remplacements…etc). L’avant-dernier abandon en date est celui du bibliobus que
C.Ledoux maire de la Ville n’aurait pas réussi à transférer avec les
bibliothèques à… C.Ledoux vice présidente de la communauté
d’agglomération !
La privatisation en
cours aujourd’hui est celle de l’aide sociale.
Les
« responsables » du CCAS auraient paraît-il été heurtés par la
révélation du SDU selon laquelle l’aide alimentaire communale et le travail des
agents du CCAS allaient être délégués à l’association SOLICOEUR…
En réponse à cette
dénonciation du SDU, les « responsables » du CCAS auraient poussé un
« gros coup de gueule »… Mais en réalité, on n’a entendu qu’un tout
petit cri plaintif de gens pris la main dans le sac…
Le SDU relève d’abord
que les responsables du CCAS ont réuni séance tenante sur le sujet un conseil
d’administration extraordinaire pour se « couvrir ». L’accusation
était donc loin d’être fantaisiste et il y a bien péril en la demeure.
On notera l’absence de
Claudine Ledoux à cette réunion, le maire manifestant une fois de plus son
désintérêt pour les usagers de l’établissement comme pour le personnel.
Dans sa réponse à la
presse, la vice-présidente justifie la délégation de l’aide alimentaire
communale à l’association Solicoeur. C’est la réforme du RSA qui, selon elle,
« oblige à modifier les modalités
d’attribution des aides ».
C’est donc encore une
fois la « faute à l’Etat », ritournelle très répandue chez les élus
locaux qui masque beaucoup de langues de bois et de fuites devant les difficultés
de la gestion locale.
Selon la
vice-présidente, puisque les aides alimentaires distribuées par le CCAS aux
bénéficiaires du RSA seront désormais déduites du RSA, la délégation de l’aide
alimentaire à l’association Solicoeur sera le seul moyen d’éviter de pénaliser les
personnes en difficultés.
Il s’agit d’un
prétexte fabriqué de toutes pièces pour se débarrasser de l’aide alimentaire…
Cette délégation de
service public serait aussi l’occasion pour la vice-présidente de mettre en
place une nouvelle philosophie de l’aide alimentaire baptisée « l’assistance
solidaire ». Cette « assistance solidaire » consiste à « impliquer »
les personnes en difficultés, à les rendre « acteurs » de leur vie, en
leur demandant de participer financièrement à l’aide qu’ils viennent chercher.
(!)
Mais que donnera le
CCAS aux personnes en difficultés si Solicoeur obtient le monopole de
l’aide alimentaire ?
Au passage, la
vice-présidente, qui insiste beaucoup sur le fait que les aides de la commune
sont tout de même « facultatives et
exceptionnelles », livre un aspect de sa philosophie : « les
gens ont l’habitude d’avoir une aide tous les mois, l’idée c’est de travailler
à plus long terme… »
C’est-à-dire ?
Réponse : passer
d’une aide par mois à une aide par trimestre (dixit la vice-présidente).
Il faut donc que les
personnes en difficultés comprennent qu’on n’a rien avec rien, et qu’ils doivent
participer financièrement à l’aide qu’ils vont recevoir. Il faut leur faire
passer la « mauvaise habitude » de venir réclamer une aide tous
les mois.
Ce que ne précise pas
la vice-présidente, c’est que derrière ce programme hautement pédagogique, il y
a beaucoup d’argent en jeu pour la ville et pour son Ccas.
Mais pour pouvoir
récupérer cet argent (et l’affecter à d’autres dépenses considérées plus
prioritaires), il faut que le nouveau dispositif fonctionne à plein. Pour cela,
il faut que les personnes en difficultés ne s’adressent plus au CCAS pour
obtenir des aides alimentaires en espèces (sous forme de bons d’achat).
Ce monopole de l’aide
alimentaire ainsi accordé à Solicoeur, association privée, sous influences
confessionnelles incontestables et prônant une philosophie de l’assistance
(fût-elle « solidaire »), fait peu de cas de la liberté, et donc de
la dignité, des personnes. Mais la fin semble justifier les moyens.
Reprenons les points
essentiels de ce projet qui se met en place de manière feutrée depuis le début
du mandat en cours.
AIDE REGULIERE OU
AIDE PONCTUELLE ?
On le sait, une aide
régulière attribuée à un bénéficiaire du RSA sera déduite du RSA (une honte,
soit dit en passant). Toute la question porte donc sur ce qu’est une « aide
régulière » ou sur ce qu’on déclare comme tel.
Nous nous sommes
renseignés dans plusieurs départements auprès de l’organisme décideur attribuant
le RSA. La réponse est identique partout.
Sera qualifié d’aide
régulière, l’engagement pris par un organisme comme le CCAS de verser une somme
à telle personne sur une période déterminée, suffisamment longue pour qu’on
puisse parler de régularité.
Ne sera pas qualifiée
d’aide régulière, l’aide apportée à une personne, même régulièrement, dès lors
que l’organisme qui la délivrera ne prendra aucun engagement à la verser systématiquement
sur une période déterminée. Une telle aide restera toujours qualifiée d’aide
ponctuelle, et donc non déductible du RSA.
La vice-présidente du
CCAS est peut-être nouvelle, mais la question, elle, ne l’est pas. Les mêmes
débats avaient déjà eu lieu à la mise en place du RMI.
Les aides alimentaires
d’urgence délivrées par le Ccas de Charleville-Mézières (30 à 45 euros par
mois !) ont toujours été considérées comme des aides ponctuelles.
Et il peut toujours
en être ainsi. L’aide d’urgence versée à la personne sans engagement de durée
est de l’aide ponctuelle et ne sera pas déduite du RSA…
SAUF… si le CCAS décide lui-même de la déclarer comme une
aide régulière...
Dans ce cas-là, bien
évidemment, ni l’Etat ni l’organisme décideur en la matière ne pourront pas
faire autrement que de la prendre en considération et de la déduire du RSA !
C’est bien sur cette
ambigüité que le maire et sa vice-présidente jouent pour trouver un prétexte qui
leur permettra de déléguer – et donc de se débarrasser de l’aide alimentaire.
Nous observons au
passage que, comme pour le dossier de la semaine de 4 jours dans les écoles, le
maire cherche à mettre à profit une mesure gouvernementale, le RSA, pour trouver
un prétexte à faire des économies, et ce sans considération pour les victimes
des économies. De dossier en dossier, cette attitude devient une véritable
ligne de conduite…
On a donc bien
compris que quand la vice-présidente insiste particulièrement sur le caractère « facultatif » de l’aide
alimentaire municipale il y a menaces pour les personnes en difficultés.
Cette volonté de
faire passer l’aide alimentaire d’urgence (que le CCAS a toujours accordée) comme
une aide « régulière » qui devra être déduite du RSA est donc un
tournant politique majeur de la politique municipale.
Le maire et sa
vice-présidente, et ceux qui les encouragent dans ce sens –ceux qui au CCAS veulent
se débarrasser de l’aide alimentaire, et celui qui veut devenir le monsieur
« Aide alimentaire » des Ardennes - s’attaquent à la fois aux
usagers du service public (les personnes en difficultés), aux principes du service public (la
laïcité, la neutralité, la gratuité), et
au personnel qui assure ce service et qu’on est en train de tromper sur son
avenir.
C’est donc à une
nouvelle braderie larvée et feutrée du service public sur l’autel budgétaire à
laquelle nous assistons (comme pour tous les travaux, tâches et missions qu’on
retire de plus en plus souvent aux services municipaux).
Pour habiller cette
privatisation de l’aide sociale, le maire et sa vice-présidente brandissent le
concept « d’assistance solidaire » que leur tendent des mains
secourables du côté des associations confessionnelles.
L’ASSISTANCE
SOLIDAIRE
(Quand
les pauvres doivent être solidaires de ceux qui les assistent)
Le dispositif Solicoeur
pourrait permettre selon la vice-présidente et le directeur du Ccas de donner 130
euros de produits aux personnes en difficultés contre une participation de 30
euros de ces mêmes personnes.
Mais il n’y a là aucun
miracle puisque Solicoeur ne fera que re-distribuer des produits qui lui seront
donnés par la Banque alimentaire. N’importe qui pourrait donc en faire autant. Et
même mieux : redistribuer ces produits alimentaires sans contrepartie,
comme un droit de base inaliénable, celui de ne pas crever de faim dans une
société incapable de donner du travail à chacun.
Mais comme il fallait
faire disparaître la BAC pour pouvoir revoir le système (voir plus loin), il
faut bien justifier la chose… y compris avec des arguments qui n’en sont pas.
Le dispositif antérieur
qui conjuguait l’action de la Boutique Alimentation Conseil et celle du CCAS était-il
inefficace ?
Comparons les deux
dispositifs.
Le dispositif antérieur de l’aide
alimentaire était basé sur des actions complémentaires : l’action du CCAS + l’action
de la Boutique Alimentation Conseil
Comment ?
Une personne démunie qui
avait besoin d’aide alimentaire s’adressait au CCAS. On faisait le point sur sa
situation. Si la demande était justifiée, la personne repartait avec un bon (de
30 à 45 euros) qu’elle pouvait dépenser (pour de l’alimentation) dans le
magasin de son choix.
Ce bon alimentaire du
CCAS n’empêchait pas la même personne de s’adresser aussi au secteur caritatif
associatif (à l’association de son choix, confessionnelle ou pas) pour avoir
une aide alimentaire en nature.
L’aide associative en
nature venait en complément des 45
euros du CCAS. La personne se rendait ensuite à l’épicerie de la BAC où on lui
remettait les produits de cette aide alimentaire complémentaire et totalement
gratuite.
La BAC –Boutique
Alimentation Conseil- avait pour fonction de distribuer matériellement les
produits afin d’assurer un suivi centralisé et personnalisé des aides et de
rationnaliser les secours.
Le CCAS était fortement impliqué et représenté dans la
BAC et il en orientait la politique dans le respect de l’identité et de
l’action de chaque association.
La liberté de choix des
personnes en difficultés était aussi respectée : choix du commerce pour
dépenser le bon d’achat du CCAS et choix de l’association caritative pour solliciter
l’aide en nature.
Le système préservait
donc autant que possible la dignité des personnes.
Mais voilà… la
liberté des « pauvres » en dérange toujours quelques-uns. Cela ne
date pas d’aujourd’hui… Surtout quand cette liberté empêche de faire certaines
économies.
Le dispositif de « l’assistance
solidaire » (Solicoeur) : un monopole
injustifiable
Le CCAS ne donnera
plus de bons d’alimentation. Première conséquence : fin des aides alimentaires en espèces données par le Ccas.
La personne démunie
qui aura besoin d’une aide alimentaire d’urgence se rendra donc à Solicoeur . On
lui calculera son « pouvoir d’achat ». On lui fera un budget. La
personne devra « s’engager » à le respecter.
On lui accordera ou on
lui refusera l’accès à l’épicerie en fonction de ses ressources.
Si on lui en accorde
l’accès, on lui fixera une durée d’accès.
Deuxième
conséquence : fin de la liberté de
choisir son magasin
Troisième
conséquence : fin de la liberté de choisir
son association caritative.
De plus, pour accéder à l’épicerie de Solicoeur, la
personne devra payer une somme prise
sur son budget. (Certains doivent confondre l’aide alimentaire d’urgence avec
une cure chez un psychanalyste : il paraît, selon eux, que c’est plus
profitable quand on paie… mais pour qui ? ).
Quatrième conséquence :
disparition de l’aide alimentaire gratuite
en nature.
C’est ce dispositif qui
doit rendre la personne … « acteur » de sa vie et
« responsable »… !
Cette comparaison entre
le système BAC + CCAS et le système Solicoeur que le maire est en train de
mettre en place montre très bien où sont - et pour qui sont - les avantages de cette
«’assistance solidaire »… Les bénéficiaires n’en seront pas les personnes en
difficultés.
COMMENT ET POURQUOI FALLAIT-IL LIQUIDER LA BAC ?
C’est à un véritable désengagement municipal auquel on
assiste. Mais pour que cela soit possible il fallait d’abord
« liquider » le dispositif antérieur.
Ce désengagement a
été initié « en douceur », « à pas feutrés ». La transition
s’est faite fin 2007-début 2008. Les initiateurs de ce virage ont pris tout
leur temps pour habituer les uns et les autres à l’idée de ce désengagement
municipal.
Après les municipales
de 2008, puis tout au long de l’année 2009, le personnel de l’aide sociale
municipale comprenait bien que des choses étaient en train de changer en
profondeur, mais jamais rien ne leur a été dit bien évidemment. Faire le moins
de bruit possible, tel a été le mot d’ordre qui a entouré ce projet jusqu’à ce
que le SDU se décide à mettre les pieds dans le plat inquiet pour le service
public, c’est-à-dire à la fois pour le personnel et les usagers.
Dans sa réponse à la
presse, le président de Solicoeur cherche à faire croire à une continuité entre
la BAC et Solicoeur. Cela est faux à tous points de vue.
Ainsi, la
municipalité n’est plus que très peu représentée dans Solicoeur, contrairement
à sa position dans la BAC. Sur les 20 vois délibératives au Conseil
d’administration de Solicoeur, on a :
-8 sièges directement d’obédience associative
confessionnelle : 2 Secours catholique, 2 Conférences St Vincent de Paul,
2 Entraide évangélique, 1 pour un ancien président du Secours catholique et 1
pour un autre ancien responsable du secours catholique, présents tous deux à
titre personnel. (?)
-2 sièges pour le CCAS ( sur 20) alors qu’il
en avait 7 sur 19 dans la Boutique Alimentation Conseil (!) Mieux encore :
un des deux représentants du CCAS n’est
autre que le représentant …du secours catholique au conseil
d’administration du CCAS ! La vice-présidente du CCAS ne siègeant qu’avec
voix consultative… !
-3 sièges pour des
« bénévoles » (forcément proches des associations ci-dessus).
-2 sièges pour la Croix-Rouge
-2 sièges pour la banque alimentaire
-3 sièges pour des personnes physiques qui
adhérent au projet (???). Un autre moyen de coopter des amis. Parmi ces
personnes, une habite Belval, une Sedan.
Evidemment, dans ces
conditions, et sans surprise, le président de Solicoeur élu par un tel conseil
d’administration est l’un des deux anciens responsables du secours catholique.
Et le bureau est à
l’image du conseil d’administration :
-président de Solicoeur
: l’ex-président du secours catholique.
-vices-présidents :
les deux représentants des conférences St Vincent de Paul
-trésorier : le
second ex-responsable du secours catholique
-trésorier
adjoint : un représentant de l’entraide évangélique
-secrétaire : une employée du CCAS (!)
comme personne physique qui adhére au projet (sic !)
-secrétaire
adjoint : une autre personne physique qui adhère au projet (re-sic !)
De telles
compositions d’organes associatifs ont un nom : l’entrisme.
Le directeur du Ccas,
garde curieusement, quant à lui, ses distances avec un dispositif auquel
il adhère pourtant pleinement puisqu’il est au conseil d’administration … mais en
tant que maire d’Houldizy !
On peut se demander
qui dirige le CCAS aujourd’hui. Le maire de Charleville ou une association
caritative par l’entremise de ses représentants directs ou indirects, présents
ou passés. Et ce que vient faire une employée du CCAS là-dedans en tant que
« personne physique adhérant au projet » quand la
vice-présidente du CCAS se contente d’un strapontin et que le directeur y siège
pour une autre collectivité ?
Pour mémoire, le vice-président
du CCAS était président de droit de
la BAC !...
Le désengagement de
la municipalité est criant d’évidence.
Mais pourquoi ?
Dans quel(s) but(s) ?
Il y a au moins trois
éléments de réponse à cette question.
Derrière la
liquidation de la BAC, il y a d’abord un virage idéologique évident du maire et
de certains de ses adjoints qui consiste à déléguer aujourd’hui tout ce qu’on
peut déléguer de façon discrète. Qu’on veuille aujourd’hui déléguer l’aide alimentaire
au secteur associatif caritatif montre bien que cette tendance a conquis les
décideurs municipaux.
En second lieu, il y
a aussi des influences extérieures tout aussi idéologiques, et personnelles,
non moins évidentes.
On peut en effet
s’interroger sur les motivations qui poussent certains à vouloir faire de
Solicoeur un «mastodonte de l’aide alimentaire» qui recevrait à terme plus
de 1000, voire plus de 2000 familles, alors que l’ANDES elle-même – l’Association Nationale de Développement
des Epiceries Solidaires- recommande des épiceries de proximité limitées à une
centaine de familles ?
Qui a intérêt à ce monopole
et à l’hégémonie ?
Enfin, l’aide
alimentaire actuelle représente 400.000 euros par an, voire davantage. Derrière
ce projet se profilent donc d’alléchantes économies budgétaires.
La nouvelle
orientation idéologique du maire par rapport aux services publics locaux
rencontre donc sa préoccupation de boucler le budget de la Ville et du Ccas.
Dans la presse, la vice-présidente du CCAS s’insurgeait
contre les allusions du SDU qui se demandait s’il y avait un lien entre ces
économies d’aide alimentaire et le coût du futur fonctionnement de
l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).
La vice-présidente
affirmait : « Le projet d’EHPAD
n’interfère pas dans le budget social du CCAS. Ces deux budgets sont totalement
autonomes. Le financement des résidences de la Grande Terre et des Paquis
repose sur les prix de journée. »
Comme langue de bois,
il faut reconnaître qu’on fait difficilement mieux.
Car il est prévu (documents
du comité technique paritaire du 24 novembre 2009):
-de transférer
un emploi d’encadrement de l’EHPAD vers le CCAS. Cet emploi de gestionnaire du personnel de l’EHPAD
continuera à faire le même travail … mais sur le budget « autonome »
du CCAS ! Il s’agit d’un transfert de charges de l’EHPAD vers le budget du
CCAS et donc d’un coût supplémentaire à financer par ce dernier.
-de transférer
un demi-poste d’adjoint d’animation de l’EHPAD vers le CCAS. Second
transfert de charges de l’EHPAD vers le budget du CCAS. Idem.
-de supprimer
un emploi d’agent de service à l’EHPAD après avoir muté autoritairement
l’agent dans une crèche. Cette fois, le transfert de charge se fait au
détriment du budget de la Ville (et du fonctionnement de la crèche, compte-tenu
qu’on a transféré un agent souvent absent, mais foin de la crèche !)
Il y a bien un vrai
problème de charges excédentaires à l’EHPAD…
De son côté, le directeur général de la Ville
clame à tous son incapacité à boucler le budget…
Dans ce contexte
tendu, les économies sur l’aide alimentaire sont donc attendues. Plus le CCAS
pourra «s’auto-financer » plus la Ville contiendra la subvention
d’équilibre qu’elle lui verse.
Au lieu de déléguer
et de privatiser l’aide alimentaire à une association, peut-être les élus
municipaux feraient-ils mieux de se pencher davantage sur le CCAS et sur son
fonctionnement pour en maitriser les orientations et les coûts (au lieu de
répéter quotidiennement que… le CCAS c’est le CCAS… comme si pour eux la Ville
et le CCAS ne formaient pas un tout !) S’ils s’ y étaient intéressés, cela
éviterait probablement de présenter aujourd’hui la note aux personnes en
difficultés.
On donnera un seul exemple
de la gabegie et de l’irresponsabilité.
Jusqu’à maintenant,
la gestion du personnel de la Ville et du CCAS était réalisée par un seul
service : le service du personnel de la Ville. Il y avait donc une mutualisation
des moyens entre la Ville et son établissement public. Ce qu’on ne peut raisonnablement
qu’approuver.
Mais, comble
d’ironie ! précisément lorsque la Chambre régionale des Comptes recommande
à la Ville et à la Communauté d’Agglomération de mutualiser davantage leurs
services pour ne pas faire payer deux fois les carolomacériens, les élus
municipaux reviennent sur la mutualisation des services avec le CCAS et
créent deux services du personnel
distincts : un à la Ville et un au CCAS ! Au diable l’avarice donc…
quand il s’agit de se découper des parcelles de pouvoir !
Deux services au lieu d’un pour gérer … moins d’agents !
(compte-tenu des transferts de personnel passés à la Communauté
d’Agglomération…)… voilà la bonne gestion du maire.
ET LE PERSONNEL DU
CCAS DANS TOUT CELA ?
Le SDU a évoqué le fonctionnement
futur de Solicoeur … avec du personnel du CCAS !
Le Ccas se
débarrasserait de certaines missions de service public mais prêterait ensuite son
propre personnel… pour faire le même travail au profit de l’association ! Sans
contrôle réel de la collectivité sur la politique conduite, on l’a vu.
Il suffit de lire les
statuts de Solicoeur pour constater que c’est bien la perspective envisagée. On
y lit qu’il s’agit de « la création
d’un lieu fédérateur offrant aux familles un endroit non connoté (sic) réunissant les acteurs sociaux pour une prise en charge globale. »
Dans cette perspective,
le fonctionnement de Solicoeur ne peut se faire qu’avec l’appui de professionnels et de
travailleurs sociaux. Or, Solicoeur
ne dispose d’aucun travailleur social. Et on ne voit pas avec quels moyens budgétaires
l’association pourrait en embaucher.
Le président de
Solicoeur confirme d’ailleurs qu’il ne pourra s’agir que des professionnels et
des travailleurs sociaux du CCAS lorsqu’il ajoute dans sa réponse à la presse
que « la collaboration entre les
associations et les services sociaux de la collectivité territoriale a toujours
fonctionné en parfaite harmonie ». (sauf qu’avant chacun était à sa place…) De plus, il s’était déjà
réjoui il y a quelques mois en disant au personnel : « vous allez bientôt venir travailler
avec nous ! »
Autrement dit, les
travailleurs sociaux et le personnel du CCAS apporteront leur concours à des
missions privatisées qui auront été transférées du CCAS vers une association, et
ce hors de toute maitrise du contenu des missions par la collectivité !
Solicoeur interviendra
pour toutes les communes de l’agglomération (sauf Nouzonville), et même pour Houldizy
(hors agglomération, mais dont le maire n’est autre que le directeur du CCAS de
Charleville). Le personnel du CCAS de Charleville va donc apporter son concours
à une association qui dépasse de loin les limites du territoire communal et
interviendra pour la population d’autres communes. Mais les carolomacériens en
supporteront seuls le coût.
C’est dire à quel
point la confusion des rôles et des fonctions entre le CCAS et les
associations a déjà gagné les esprits des décideurs locaux en la matière…
A la question de
savoir qui remboursera au CCAS et aux carolomacériens les coûts de personnel
ainsi dépensés, nous n’avons pas de réponse.
Mais nous savons,
nous, que c’est le personnel qui s’entendra dire qu’il coûte de plus en plus
cher aux carolomacériens et qu’il faut faire des efforts budgétaires sur la
masse salariale… Nous savons aussi au quotidien comment le fonctionnement des
services continuera d’être rogné.
Le maire, la
vice-présidente du CCAS et le président de Solicoeur ont une curieuse conception
du personnel communal et de l’intérêt des carolomacériens.
En revanche, le maire
d’Houldizy devrait plutôt bien s’en sortir pour ses administrés les plus
démunis qui pourront bénéficier de Solicoeur et des compétences du personnel
carolomacérien.
Pour mettre en place
ce futur « partenariat » public / privé (où le service public va être
une fois de plus le dindon de la farce) il faut donc « revoir » progressivement
l’organisation du CCAS…
C’est le projet de
réorganisation qui va être « présenté » (pour la forme) au comité
technique paritaire du 24 novembre prochain.
Pour commencer, la
vice-présidente rassemble tous les
emplois d’assistants socio-éducatifs (travailleurs sociaux) dans un service unique où ils seront sept.
Ainsi il sera plus facile d’en dédier
quelques-uns aux activités de Solicoeur sans que cela soit trop apparent. Une
activité noyée dans la masse en quelque sorte. Difficile à évaluer nous
dira-t-on… Moins visible surtout.
La vice-présidente supprime des emplois de travailleurs
sociaux affectés au Service Logement
et au Service d’Accueil d’urgence. Elle
va encore plus loin en supprimant le
Service d’Insertion Sociale et Professionnelle.
Au service de l’aide sociale (qui délivrait les
bons d’alimentation), la vice-présidente commence par supprimer un seul emploi, certainement pour ne pas attirer
l’attention sur le mouvement qui se dessine. D’autres suppressions d’emplois
suivront inévitablement, mais il est trop tôt car la vice-présidente a aujourd’hui
pour principal souci d’accompagner
autant que possible l’envol de Solicoeur…. Cette nouvelle politique de
l’aide sociale déléguée à une association, prometteuse d’économies
potentielles, doit prendre son essor sans tambour ni trompette.
Mais après ?
Quid du personnel du CCAS dont une grosse
partie du travail (les 2/3) était jusqu’à maintenant d’instruire et de délivrer
les aides alimentaires ?
La vice-présidente et
le directeur du CCAS entretiennent le flou
le plus inadmissible sur cette question au moment où ils engagent la
réorganisation de l’établissement.
Des responsables du
CCAS essaient même de faire croire au personnel que ses conditions de travail
vont s’améliorer… sous-entendu : vous ne recevrez plus les
« pauvres » ! Quid de la rémunération obtenue il y a deux ans
pour conditions de travail difficiles ?
« On » fait
miroiter au personnel des « nouveaux métiers » pour combler la
disparition des deux tiers du travail. Mais les agents n’ont droit qu’à des
bruits de couloirs. « On » leur parle « d’ateliers de
préparation des menus » , de « groupes d’échanges et d’écoute »…
de « groupes de paroles » où les personnes en difficultés pourraient
s’échanger leurs recettes de cuisine sous la houlette des agents municipaux. Il
faut, convenons-en, une bonne dose de cynisme (ou d’imbécilité) pour tenir de telles
fadaises.
Il faut aussi beaucoup
de mépris pour le personnel, dont la plupart a des années de travail à l’aide
sociale. Dans ce projet, le mépris de certains responsables pour les personnes
en difficultés rejoint celui qu’ils ont
aussi pour le personnel municipal.
Le SDU
réclame la mise au rebut de ce projet de privatisation de l’aide
alimentaire.
Pas de délégation du
service public de l’aide sociale à une association !
Fin des privatisations
rampantes des services publics locaux !
Pas d’économies sur
l’aide alimentaire ni sur la pauvreté !
Maintien du service
public, égal pour tous, laïque et gratuit !