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Cette hausse est destinée à compenser la suppression des cotisations maladie et chômage des salarié-es (et la baisse des cotisations maladie et famille des indépendants).
Celle-ci aura lieu en deux temps : - 2,2 points en janvier 2018 et -
0,95 en octobre. Le gouvernement affirme avoir deux objectifs :
Redonner
du pouvoir d’achat aux salarié-es, la hausse de la CSG ne compensant
pas intégralement la suppression des cotisations et ne touchant pas les
retraité-es les plus modestes. Au total, selon le journal Alternatives
Économiques, le gain pour les salarié-es au SMIC devrait être d’1,45 %
par an soit 260 euros.
Et,
la CSG ayant une assiette plus large que les cotisations salariales,
faire contribuer plus justement l’ensemble des revenus au financement de
la sécurité sociale.
Sauf que tout le monde n’est pas gagnant. Comme en témoignent à
raison les nombreuses manifestations de retraité-es le 28 septembre
dernier, il y a quelques raisons pour celles et ceux-ci d’être en
colère. Et notamment les retraité-es qui touchent au-delà de 1200 € de
pension de retraite par mois pour les moins de 65 ans et 1350 € pour les
plus de 65 ans. Pas vraiment des classes sociales fortunées ! Pour eux,
la hausse de la CSG ne sera compensée par aucun dispositif (et ils et
elles seront nombreux-ses à ne pas bénéficier de la suppression de la
taxe d’habitation, dont les personnes hébergées en maison de retraite
par exemple !).
Résultat, un-e retraité-e touchant 1500 € par mois perdra sur l’année
autour de 300 €. Un-e cadre supérieur-e à 20 000 € par mois bénéficiera
d’un gain de 1690 € par an (contre 390 € en moyenne pour un employé à
2000 € par mois)…
On aura vu plus juste !
Du côté des fonctionnaires, c’est escroquerie à tous les étages ! Une
usine à gaz pour faire illusion. Une compensation au 1er janvier se
traduira par la suppression de la Contribution exceptionnelle de
solidarité (CES) versée depuis 1981 pour alimenter l’assurance chômage
(pour les fonctionnaires qui la payent soit celles et ceux qui ont un
indice supérieur à 313) et par la mise en place d’une indemnité figée,
basée sur une période de référence non encore déterminée (décembre 2017
ou une moyenne de l’année 2017). Cette compensation se dévaluera dans le
temps au fur et à mesure de l’évolution de la carrière des agent-es.
Ainsi le gain final sera de zéro ! Et double zéro pour les agent-es
entrant dans la fonction publique au premier janvier 2018 puisqu’ils et
elles seront exclu-es du dispositif de compensation ! Ces agent-es
paieront « plein pot » les 1,7% de hausse de CSG !
Décidément, la coupe est pleine !
Pour certains revenus du capital en revanche les compensations seront
importantes : exonération d’ISF, prélèvement forfaitaire de 30 % sur
l’ensemble des revenus financiers (alors qu’aujourd’hui ceux-ci sont
intégrés dans le calcul de l’imposition sur le revenu), l’augmentation
de la CSG ne sera qu’une piqûre indolore...
Un gouvernement pour les riches, clairement assumé !
Mais il faut aussi revenir sur l’arnaque que constitue l’idée qu’on peut donner du pouvoir d’achat sans augmenter les salaires. En supprimant la cotisation chômage pour les salarié-es, le gouvernement déresponsabilise toujours plus les entreprises quant à la politique salariale, validant le fait qu’elles n’auraient plus à augmenter les salaires pour le travail effectué par les salarié-es.
N’oublions pas que ces baisses ou suppressions des cotisations
sociales pour les salarié-es se situent dans un mouvement correspondant
de baisse voire de suppression de ces cotisations pour la part
patronale. L’objectif du gouvernement est ainsi à terme de cesser de
faire financer par les entreprises (salarié-es et patrons) la protection
sociale. L’entreprise pourrait ainsi se dégager de ses obligations en
matière de salaire différé (puisque le travail coûte trop cher !). En
projetant de faire financer le manque à gagner pour l’assurance chômage
par une partie de la CSG, le gouvernement valide le fait que les dégâts
sociaux créés par la mise au chômage de salarié-es ne sont plus de la
responsabilité de l’entreprise mais de celle de la société toute
entière ! On a en fait une augmentation de pouvoir d’achat pour
certain-es mais la baisse du salaire différé de tou-tes.
Et une nouvelle fois, socialiser les pertes quand les profits, eux, s’envolent !
Enfin ce tour de passe-passe permet à l’État de mettre toujours plus la main sur les ressources de la protection sociale, dont celles de l’assurance chômage que cette hausse de CSG va selon ses intentions contribuer à financer. On est loin de la logique de salaire différé qui est utilisé par chacun et chacune dans des période de sa vie : chômage, maternité, maladie, retraite… C’est un moyen de pression du gouvernement sur la gestion paritaire des fonds par le patronat et les organisations syndicales. Celui-ci pourra imposer directement son point de vue sur le traitement du chômage et (la régression ou la suppression) des droits des chômeur-euses. Il pourrait à brève échéance transformer les allocations chômage en allocations forfaitaires d’un montant uniforme, les déconnecter des salaires précédents et en venir à une conception d’assistance en cas de chômage.
Compte tenu des politiques libérales et patronales, des politiques de restrictions et de coupes budgétaires mises en place par le pouvoir actuel, sans compter ses dérives autoritaires, cette étatisation a vraiment de quoi inquiéter. Les néo-libéraux actuels ne sont plus intéressés à la gestion paritaire. Pour eux, qu’ils soient à la direction du Medef ou du gouvernement, la sécurité sociale pourrait aussi bien être privatisée et l’État chargé d’assurer de simples filets de sécurité mais pas la continuité du salaire. Les salarié-es ont tout à perdre de ces politiques, dans leurs droits comme dans leurs moyens de revendiquer et de décider de leur protection sociale.